Saul Bass – Graphisme, affiches et génériques (4/4)

Dans cet ultime volet de notre focus consacré à Saul Bass (1920-1996), nous analysons la fin de carrière du génial graphiste à travers ses derniers faits d’armes. Parmi ces travaux, l’affiche conçue pour Shining de Stanley Kubrick et les génériques réalisés entre 1990 et 1995 pour Martin Scorsese méritent que nous nous y attardions.

Après l’insuccès de Phase IV qui demeurera l’unique long métrage qu’il réalisa, Saul Bass prit quelques distances avec l’industrie cinématographique. Il fit à nouveau parler ses talents de graphiste dans la conception de logos pour de grandes compagnies telles que Minolta, United Airlines, AT&T. Là encore, il s’appuya sur l’utilisation de logotypes à savoir des dessins très stylisés dans le but avoué était de permettre d’identifier très rapidement et symboliquement le secteur d’activité de l’entreprise.

Que ce soit pour l’industrie manufacturière ou cinématographique, Saul Bass a constamment cherché à utiliser des symboles stéréotypés. Par leur lisibilité au premier degré et sans ambiguïté, ils sont le vecteur de la communication immédiate et instantanée qu’il a toujours recherché.

La dernière affiche majeure signée Saul Bass est peut être celle de Shining (The shining, 1980, Stanley Kubrick) qui n’est pas sans nous rappeler celle qu’il conçut en 1963 pour Le cardinal (The cardinal, Otto Preminger).

Il faut reconnaître que l’affiche de 1963 fait partie des plus audacieuses que Saul Bass ait proposé. L’économie de la composition visuelle est poussée à un extrême qu’il n’avait jamais visité jusqu’ici. En matière d’abstraction, l’affiche du Cardinal est exemplaire. Cette exemplarité pousse Saul Bass à reconduire le procédé pour le film de Stanley Kubrick. Sur les deux affiches, la typographie ordinaire utilisée s’efface face à la prépondérance donnée à l’article « The » du titre. Par sa démesure et sa couleur sombre, le déterminant du titre semble peser comme une menace. Sur l’affiche de The shinning, la menace symbolisée se voit surlignée par l’emploi d’un inquiétant visage en guise de motif de fond.

Ces deux affiches ne dérogent pas à quelques règles de composition propres à Saul Bass : l’usage systématique du noir et du blanc couplés à un nombre très limité de couleurs, l’emploi de la couleur de fond de l’affiche et de surfaces monochromes, l’utilisation d’une typographie épaisse.

Si nous exceptons l’affiche du Retour de la rivière Kwaï (Return from the River Kwai, 1989) d’Andrew V. McLaglen, celle de The shinning est la dernière dont Saul Bass a été l’auteur. Il connut un regain de notoriété durant la première moitié des années 90.

Ainsi, de 1990 à 1995, il collabora cinq fois avec Martin Scorsese. Au style extrêmement dépouillé du générique des Affranchis (Goodfellas, 1990) ou classique de celui d’Un voyage avec Martin Scorsese à travers le cinéma américain (A personal journey with Martin Scorsese through american movies, 1995), nous préférons celui des Nerfs à vif (Cape fear, 1991) qui noue des liens étroits avec le générique de Psycho produits trente et un ans plus tôt.

Aux transparences proposées durant le générique du Temps de l’innocence (The age of innocence, 1993), il est autorisé de préférer les fulgurances lumineuses et le travail lumineux réalisé par Saul Bass pour le générique de Casino (1995).

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