Pour son premier long-métrage, Dominique Rocher aborde un genre peu visité par le cinéma français : le film de zombies. Un genre cinématographique qu’Yeon Sang-ho avait su efficacement dépoussiérer en 2016 avec Dernier train pour Busan. La nuit a dévoré le monde s’avère malheureusement plus classique et souvent plus maladroit que son aîné sud-coréen.
En se réveillant ce matin dans cet appartement où, la veille encore, la fête battait son plein, Sam doit se rendre à l’évidence : il est tout seul et des morts vivants ont envahi les rues de Paris. Terrorisé, il va devoir se protéger et s’organiser pour continuer à vivre. Mais Sam est-il vraiment le seul survivant ?
Librement inspiré du roman éponyme de Martin Page, La nuit a dévoré le monde visite un genre cinématographique sans le remettre en question. Là où ce genre pourrait, et plus probablement devrait, être vecteur d’expérimentations, Dominique Rocher laisse cours à l’expérimentation… musicale. L’idée est certes originale mais elle paraît incongrue dans le contexte d’un film sans finalité puisque celle-ci n’est jamais abordée.
Pour animer une intrigue dès lors quasi insignifiante, le cinéaste a fait appel à un casting très resserré. L’unique réel personnage est interprété par Anders Danielsen Lie dont nous avions très apprécié l’interprétation du rôle principal dans Oslo, 31 août (2012) de Joachim Trier. Ce choix restrictif sert la volonté de questionner l’isolement, colle à la personnalité d’un personnage presque agoraphobe mais limite le fil narratif du film et celui des dialogues. Les zombies eux-mêmes sont réduits à une posture symbolique propre à leur condition.
Si Golshifteh Farahani et Denis Lavant apparaissent au casting, là encore, leurs rôles, sans profondeur pour la première et mutique pour le second, s’avèrent très accessoires. Il n’est pas interdit de voir dans le rôle tenu par Denis Lavant une version survival de celui de M. Merde qu’il tenait chez Léos Carax dans Tokyo ! (2008) et Holy motors (2012). Mais, contraint au mutisme, ce « M. Merde » dévitalisé ne fait l’objet que d’un traitement… textuel. Là encore, c’est la frustration qui domine au final.
Ce minimalisme de traitement trouve son pendant dans une mise en scène austère et anti-spectaculaire. En privilégiant les plans larges et diurnes, le cinéaste tue dans l’œuf toute amorce de tension ou de peur. Dès lors, au rythme de trop d’attentes déçues, l’épilogue de La nuit a dévoré le monde finit par indifférer. Film de genre trop minimaliste dans sa forme comme dans son fond pour impressionner, ce premier long-métrage de Dominique Rocher peine à surprendre et à marquer durablement son auditoire.
Eh bien ça ne donne pas envie du tout. Un film de zomblards troussé comme du Jean-Marie Straub juste pour se caser dans le circuit art et essais, non merci. Le genre est moins facile à dompter qu’il n’en a l’air, il faut dire. Tout de même, il y a bien longtemps, quand Robin Campillo n’était pas sous les feux des Césars, il avait transformé l’essai avec art dans ses « Revenants » (Canal + en en a même fait une série).
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Oui, en phase sur la réussite de la série Les revenants. Le nuit a dévoré le monde ne m’a jamais intéressé, je suis resté extérieur au film. A mon sens, ce long-métrage souffre de deux défauts majeurs à mes yeux : une mise en scène inadaptée et une totale absence de finalité. Le film est extrêmement creux et ne peut, à mon avis, que les personnes très intéressés par le ce genre cinématographique.
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Un genre d’ailleurs plutôt finissant tant il me semble que beaucoup commencent à se lasser sérieusement du devenir de l’humanité face aux décavés. Même les morts-vivants finiront par mourir.
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J’avoue ne pas être un grand amateur des films de zombies. Cependant j’avais su apprécier le film coréen Dernier train pour Busan que je cite dans mon article. Je te le recommande si tu ne l’as pas vu.
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Pas ultime, mais recommandable en effet :
https://letourdecran.wordpress.com/2017/08/17/dernier-train-pour-busan/
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