Un jour de pluie à New York – Temps maussade

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Tourné en septembre 2017, il aura donc fallu deux ans à Un jour de pluie à New York pour enfin être distribué dans les salles françaises. Ce long délai trouve sa source dans le rejet du film par son principal producteur Amazon Studios. Ce ne sont pas les qualités du film qui sont ici mises en cause mais le passé de son auteur, Woody Allen pourtant innocenté devant la justice. Un jour de pluie à New York remémore donc le passé et reconduit un « système » déclinant… des lieux et des situations maintes fois visités. Déjà vu ?

Deux étudiants, Gatsby et Ashleigh, envisagent de passer un week-end en amoureux à New York. Mais leur projet tourne court, aussi vite que la pluie succède au beau temps… Bientôt séparés, chacun des deux tourtereaux enchaîne les rencontres fortuites et les situations insolites.

Il y a dans Un jour de pluie à New York nombre des ingrédients qui font le sel de la filmographie de Woody Allen. Ainsi la voix off de Gatsby, personnage principal incarné par Timothée Chalamet, introduit le film. Par intermittence, cette voix vient rythmer la narration au même titre qu’une bande originale empruntant amplement aux sonorités jazzy et accessoirement descriptive.

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Il y a, encore et toujours, le travail effectué sur la lumière par Vittorio Storaro, chef-opérateur attitré du cinéaste depuis Café society (2016, Les millésimes Allen se suivent et se ressemblent, celui-ci est bon). Une lumière volontiers rasante drape les plans de teintes jaune-orange peu naturelles. L’utilisation de filtres de couleur ajoute encore de l’artificialité aux images produites. On peut ainsi s’interroger sur cet éphémère plan bleuté sorti de nulle part. La rupture de colorimétrie crève les yeux et nous empêche de percevoir le moindre début de justification à ce changement de filtre. Storaro poursuit donc ses expérimentations pour le meilleur et pour le pire. Les résultats obtenus sont certes moins criards que dans Wonder wheel (2017) mais ils instaurent une ambiance paradoxalement chaude qui ne colle guère à l’atmosphère pluvieuse annoncée par le titre du film.

Les décors sont tout aussi connus. Ce sont ceux d’un New York filmé dans ses beaux quartiers. La pluie très présente à vocation à servir une veine romantique et nostalgique. Une intention détruite par le travail à contre sens effectué par Storaro comme expliqué plus haut. Les déambulations des protagonistes et leurs tribulations existentielles mises en images dans Un jour de pluie à New York arpentent des sentiers battus et rebattus : ceux des comédies romantiques vaguement initiatiques.

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Si le film ne convainc pas pleinement, la faute en revient aussi au casting réuni. Timothée Chalamet, en alter ego de Allen qu’il n’est pas, s’évertue en début de film à s’approprier les intonations de celui-ci. Issu de la haute société new-yorkaise, Gatsby (sic) forme avec Ashleigh, originaire de l’Arizona, un jeune couple dépareillé source de deux récits menés en parallèle. Elle Fanning joue sans mesure l’ingénue et émerveillée Ashleigh âgée de vingt et un ans mais en paraissant quinze. Pour sa part, Selena Gomez se contente de minauder dans le rôle secondaire de Chan. Tous ces charmants jeunes acteurs récitent leur comédie mais manquent de charisme pour apporter de la profondeur à leur personnage respectif.

Allen scénariste ne fait pas preuve d’une grande imagination. On devine rapidement l’épilogue de l’idylle naissante entre Gatsby et Chan. Il multiplie autour du personnage d’Asleigh les rencontres (un cinéaste, un scénariste et un acteur) déjà vues, toutes déclinées dans un même schéma narratif redondant. Ces péripéties ne sont guère mises en relief par des dialogues assez convenus. Les quelques piques entendues parfois impertinentes (le journalisme « plus vieux métier du monde », un monologue-confession de la mère de Gatsby interprétée par Cherry Jones) prêtent peu à conséquences. Un jour de pluie à New York manque de piquant. Peu enlevé, le film demeure charmant et agréable mais mineur et anodin. Son absence de réelle profondeur le cantonne dans une atmosphère feutrée, entre marivaudage et théâtre de boulevard.

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