N.B. #21 – L’oiseau de paradis (2020, Paul Manate)

Auteur de deux courts-métrages en une décennie, Paul Manate passe à la réalisation de son premier long-métrage qu’il titre L’oiseau de paradis. La paradis-titre fait référence à la Polynésie française et plus spécifiquement à Tahiti où le film a été intégralement tourné. Sous les tropiques, le synopsis du film nous guide vers une œuvre mystérieuse où se confronteraient vicissitudes contemporaines et légendes d’un temps révolu.

Jeune assistant parlementaire métis, amoral et séducteur, Teivi revoit un jour Yasmina, une lointaine cousine maorie aux pouvoirs mystiques, qui lui fait une étrange prédiction. Mais en proie à des malaises hallucinatoires et empêtré dans une affaire de corruption immobilière, Teivi perd pied. Persuadé que Yasmina peut le guérir, il part à sa recherche et chemine jusqu’à la presqu’île fantasmagorique de Tahiti. L’oiseau de paradis raconte un Tahiti intime et légendaire, métis et vivant. Un conte mystique et contemporain sur le plus beau des paradis perdus.

L’oiseau de paradis est avant tout le théâtre de la confrontation de deux cultures. Il y a l’existentialisme drainé par le mode de vie métropolitain que Paul Manate oppose à celui local bien plus soucieux de l’environnement qui l’entoure. C’est aussi la confrontation de deux langues : le français et le polynésien. Maladroitement, le réalisateur fait dialoguer de ses protagonistes chacun dans sa langue maternelle ce qui décrédibilise quelque peu la situation mise en scène.

La réalisation de L’oiseau de paradis ne brille d’aucun éclat. Dans cette première réalisation, Manate ne s’aventure pas à prendre le moindre risque. La forme ne vient ainsi pas relever un scénario insuffisamment maîtrisé. Le réalisateur et sa coscénariste, Cécile Ducrocq, ne parviennent pas à donner corps au mystère qu’ils avaient imaginé. Le canevas narratif avancé mêle drame familial et affaire politico-immobilière mais demeure sans réel fil directeur. Entre modernité et tradition, les deux coscénaristes hésitent à asseoir l’ancrage de leur histoire.

Il émane de cette valse-hésitation un récit en errance qui peine à mobiliser l’attention et l’intérêt du spectateur. Là où le mystère devait prévaloir, c’est l’ennui d’une audience perdue qui finalement domine. Nous doutons que l’effet ainsi perçu ait été prémédité par ses auteurs.

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