Parmi les réalisations américaines de Maurice Tourneur figure Le papillon meurtri. Ce film, plus exactement, ce moyen-métrage (durée inférieure à une heure) a contribué en 1919 à renforcer outre-Atlantique la notoriété du cinéaste français. En effet, le magazine Photoplay plaçait déjà en 1918 dans son classement des meilleurs cinéastes mondiaux Tourneur au pied d’un podium dont les marches étaient alors occupées par D. W. Griffith, Thomas H. Ince et Cecil B. DeMille. En 1919, Tourneur s’était déjà imposé parmi les cinéastes qui comptent.
Au Canada, Marcène Elliot, jeune orpheline recueillie par sa tante revêche, rêve de trouver l’amour et de s’échapper de cet environnement hostile. Une rencontre inattendue va bouleverser sa vie.
Maurice Tourneur, ici réalisateur et producteur, collabora avec H. Tipton Steck et Charles E. Whittaker à l’écriture du scénario de Papillon meurtri. Un récit solide dont la source réside dans le roman Marcene de Penelope Knapp. Marcene est le prénom du personnage principal, une jeune femme canadienne (Pauline Starke), orpheline sauvageonne et désargentée pris sous la tutelle guère protectrice de sa tante (Mary Alden).
La trame narrative du film naît de la rencontre providentielle de Marcene avec un jeune compositeur (Lew Cody) venu trouver l’inspiration dans la campagne canadienne. Un imbroglio sentimental se met progressivement en place pour aboutir à un mélodrame intimiste et allégorique. Il y a dans l’intrigue sans temps mort déployée une certaine audace qui débouchera sur le dévoilement d’un double amour certes épisodique et involontaire pour le personnage masculin.
Tourneur excelle aussi dans l’exploitation des décors bucoliques au fil d’un film dont une grande majorité des scènes ont été tournées en extérieur. L’art de la mise en scène du cinéaste trouvera son point d’apogée lors de la séquence reconstituant un déchaînement climatique : orage, tempête, foudre.