Entracte #1 – Fiancées en folie (Buster Keaton)

Réalisé en 1925 par Buster Keaton, Fiancées en folie est un moyen métrage qui fait désormais partie des classiques de son auteur également ici producteur, acteur et monteur. Il faut bien reconnaître que Keaton y excelle tant devant que derrière la caméra. Devant la caméra, le visage invariablement neutre et désormais légendaire du comédien-cascadeur confère au film, ainsi dénué de tout aspect psychologique, une inquiétante étrangeté. Derrière la caméra, Keaton livre une très belle leçon de mise en place des espaces et de gestion des rapports à la nature.

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L’école buissonnière – « J’ai un nouveau maître »

Le public français garde de Bernard Blier (1916-1989) le souvenir d’un acteur resté célèbre par ses interprétations de personnages truculents dans un corps rondouillard défiant les canons du 7ème art. Ainsi, Blier, c’est avant tout Raoul Volfoni dans Les tontons flingueurs (1963, Georges Lautner), ou encore M. Guitton alias « Gazou » dans Le distrait (1970, Pierre Richard). Cette perception de l’acteur père du cinéaste Bertrand Blier est réductrice. Elle fait en effet fi des interprétations les plus subtiles qu’il ait fourni en plus de cinquante ans de carrière. Parmi celles-ci, il y a celle de son premier vrai premier rôle que lui offre Jean-Paul Le Chanois en 1948 dans L’école buissonnière.

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Les jeunes loups – En réponse aux « jeunes turcs » ?

A l’émergence de la Nouvelle Vague du cinéma français, Marcel Carné a été le sujet privilégié des critiques émises par les figures éditoriales des Cahiers du Cinéma. Ces critiques, pourtant tout aussi partisanes qu’injustes, ont toujours cours car véhiculées par quelques canaux cinéphiles autorisés. Les mauvais propos et les critiques mal placées ont parfois la peau dure. Pour régler ses comptes, l’auteur des Enfants du paradis (1945) réalisa Les jeunes loups en 1968, un film clairement enraciné dans son époque, celle précédant les évènements de Mai 1968. Les jeunes loups sonne ainsi comme une sorte de réponse de son auteur aux « jeunes turcs ».

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Un vrai crime d’amour – La fabrique d’un crime

La filmographie pour le grand écran de Luigi Comencini est composée d’une quarantaine de films de fiction réalisés sur autant d’années depuis la fin des années 1940. Etrangement, auprès du grand public, seules les comédies (à l’italienne) émergent vraiment de cette œuvre cinématographique pourtant plurielle. Parmi ces comédies, citons L’argent de la vieille (1972) qui précéda la réalisation des tout aussi recommandables Les aventures de Pinocchio (1972, série TV en 6 épisodes) et le mélodrame Un vrai crime d’amour (1974) dont il est question ici.

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Deux sous d’espoir – Quotidien payé cash

Le distributeur Les films du camélia poursuit ses belles initiatives en matière de cinéma de patrimoine. Ainsi, trois ans après la ressortie de L’enfer dans la ville (1959) de Renato Castellani, c’est au tour de Deux sous d’espoir du même auteur de bénéficier d’une version restaurée 4K et d’être de nouveau à l’affiche de nos cinémas. Malgré une Palme d’or obtenue lors du festival de Cannes de 1952, ni le film ni le cinéaste italien n’est entré dans la postérité du 7ème art. La faute en revient peut-être à l’ombre faite par Othello et son très médiatique auteur, Orson Welles, colauréat du Grand Prix (dénomination d’alors de la Palme d’or) de l’édition cannoise 1952.

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Une blonde émoustillante – Légère, rafraichissante, sensuelle

Une blonde émoustillante – © Malavida

A l’identique de Trains étroitement surveillés (1966, Belles mécaniques) et Alouettes, le fil à la patte (1969, Luttes sous contrôle), Jirí Menzel adapte au grand écran de nouveau un roman de Bohumil Hrabal (La chevelure sacrifiée, 1974). Là encore ce dernier coécrit avec le cinéaste le scénario du film titré Une blonde émoustillante (1981). Une collaboration bien rodée, fructueuse et toujours efficace puisqu’elle se déclinera en 1981 par l’obtention pour Menzel d’une mention spéciale lors de la Mostra de Venise.

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Alouettes, le fil à la patte – Luttes sous contrôle

Alouettes, le fil à la patte – © Malavida NFA

Réalisé en 1969 par Jirí Menzel, Alouettes, le fil à la patte fut immédiatement interdit de toute exploitation par la censure tchécoslovaque. Ce n’est qu’après la Chute du mur de Berlin en 1989 que cette interdiction fut levée. La consécration pour son auteur ne tarda pas puisqu’il obtient l’Ours d’Or lors de la Berlinale de 1990. Ce film est désormais à redécouvrir en version restaurée 4K dans le cadre de la rétrospective dédiée au cinéaste tchèque, « la comédie est une arme », orchestrée par le distributeur Malavida.

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Variety – En devanture

Bette Gordon est l’auteure d’une poignée de films tout autant féministes qu’appartenant à une veine qui recèle de nombreux films majeurs, celle du cinéma américain indépendant des années 1970 et 1980. Des quelques longs-métrages réalisés par cette cinéaste, Variety (1983) reste très certainement le plus emblématique. Aujourd’hui, trente-huit ans après sa réalisation, Variety bénéficie d’une nouvelle distribution en version restaurée. L’occasion est donc belle de revoir dans d’excellentes conditions ce film. Il sera plus probablement question de découverte de cet opus dont la distribution en salles resta confidentielle malgré une sélection au festival de Cannes de 1984 pour concourir à la caméra d’or. Celle-ci fut finalement remportée par Jim Jarmusch pour Stranger than paradise, autre figure incontournable du cinéma américain indépendant.

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Un jour un chat – Couleurs d’âme

Un jour un chat – © Malavida

Un jour un chat a obtenu une première consécration en 1963. Ce film réalisé par Jasny Vojtech était en effet appelé à concourir à l’obtention de la Palme d’Or. Le jury du festival de Cannes 1963 présidé par Armand Salacrou, auteur de pièces de théâtre, lui décerna finalement son Prix spécial du jury ainsi qu’à Harakiri, un long-métrage réalisé par Masaki Kobayashi et fort différent de Un jour un chat. Ce n’est que fin 1965 que ce dernier fit enfin l’objet d’une distribution dans les salles françaises. L’année 2021 marque quant à elle un double retour célébrant la superbe restauration numérique du film : retour à Cannes en sélection officielle Cannes classics et retour en salle orchestré ce 1er décembre par le distributeur Malavida.

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Le franc-tireur – Les hasards de la Résistance

Prod DB © Acacias / Le franc-tireur (1972) de Jean-Max Causse et Roger Taverne avec Philippe Léotard.
Titre de ressortie : Les hasards de la gloire

Le franc-tireur est l’unique film écrit et réalisé par Jean-Max Causse et Roger Taverne. Le premier nommé n’est autre que le fondateur avec Jean-Marie Rodon du réseau des cinémas Action, salles emblématiques de la cinéphilie parisienne à partir de 1966 et sur plusieurs décennies. Cet unique long-métrage réalisé en 1972 n’a depuis bénéficié que d’une distribution très tardive et confidentielle. Cinquante ans plus tard, ce constat à défaut d’être expliqué continue de surprendre. Un pan du cinéma-vérité français reste boudé par les distributeurs et les exploitants probablement à cause de sujets abordés jugés « sensibles » et à ne pas promouvoir. Le franc-tireur longtemps censuré puis placardisé est un film maudit sur une époque maudite. L’urgence est là : réhabiliter en urgence une œuvre injustement méconnue.

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