Frank Beauvais, déjà auteur de plusieurs courts métrages, livre un remarquable premier long métrage. Ne croyez surtout pas que je hurle est plus affaire de narration et de montage que de réalisation. L’auteur-narrateur dévoile et documente ses états d’âme. Ils sont ceux d’un homme confiné physiquement dans la campagne alsacienne et mentalement dans une dépression née d’une déception amoureuse. Ne croyez surtout pas que je hurle, œuvre singulière et attachante, résonne comme un coup de maître.
Documentaire
Talking about trees – Sudan unchained
Lors de l’édition 2019 du Festival de Berlin, Talking about trees a remporté deux prix : celui du meilleur documentaire et celui du public. Cette première réalisation pour le cinéma de Suhaib Gasmelbari ne manque pas de charme. Le cinéaste soudanais quarantenaire met en scène quatre autres cinéastes également soudanais mais appartenant à la génération précédente. Ce quatuor d’amis parcourt le pays en van et projette d’organiser une vraie projection à Khartoum, capitale d’un pays dont l’industrie cinématographique est moribonde depuis de trop nombreuses années.
Paroles de bandits – Aide au périple au risque du péril
La sortie en salle ce jour du documentaire Paroles de bandits coïncide à bon escient avec la journée internationale de l’immigration. Ce documentaire réalisé par Jean Boiron-Lajous fait un constat douloureux : la gestion des flux migratoires dans la vallée de la Roya n’a apporté aucune réponse aux drames humains en cours. Entre contrôles policiers, déplacements sous surveillance et distributions sous le manteau de sacs plastiques remplis de quelques maigres victuailles, l’aide des habitants aux migrants se fait en cachette et dans l’anonymat, de bandit à bandit.
Monrovia, Indiana – A Monrovia comme ailleurs
Depuis l’élection en 2016 de Donald Trump à la présidence des Etats-Unis, nombre de films et de documentaires ont cherché à saisir et expliquer cet évènement. A la lecture de son synopsis, Monrovia, Indiana réalisé par Frederick Wiseman parait appartenir pleinement à cette veine « analytico-trumpiste ». Du moins, il nous est présenté comme tel.
Santiago, Italia – Italie, terre d’asile
Par son titre, Santiago, Italia met côte-à-côte une capitale sud-américaine et un pays européen distants de plusieurs milliers de kilomètres. L’Italie est celle de Nanni Moretti, auteur de ce documentaire, cinéaste reconnu dans la réalisation de films de fiction tels que Palombella rossa (1989), Journal intime (1993), La chambre du fils (2001) ou encore Habemus papam (2011). Santiago est la capitale d’une nation qui en 1973 va basculer de la démocratie de Salvador Allende à la dictature du général Pinochet. Quel a été le rôle de l’Italie durant le putsch militaire orchestré au Chili ?
Le silence des autres – De l’amnistie à l’amnésie
Pendant sept ans, Almudena Carracedo derrière la caméra et son époux Robert Bahar à la prise de sons ont saisi les témoignages d’anciennes victimes ou parents de victimes des exactions perpétrées durant la dictature de Franco. Le silence des autres raconte ainsi le combat d’un groupe de citoyens espagnols pour briser le silence imposé à toute une nation par le « pacte de l’oubli ».
Les âmes mortes – Jamais le souffle de l’Histoire ne faiblira
Présenté en deux parties en séance spéciale lors du festival de Cannes 2018, c’est finalement en trois volets cumulant huit heures et demi de visionnement que le documentaire de Wang Bing a été distribué en salle. Les âmes mortes émerge de six cents heures de rushes et de cent vingt témoignages captés entre 2005 et 2008 puis complétés en 2016 auprès de survivants. Ce documentaire-enquête sur la période appelée « la campagne anti-droitiste » menée en Chine nait aussi de la fiction-reconstitution Le fossé (2010) que le documentariste chinois avait aussi réalisé.
N.B. #5 – L’envers d’une histoire (2017, Mila Turajlić)
Mila Turajlić filme sa mère, Srbijanka Turajlić, universitaire et politicienne reconnue, dans le vaste appartement familial d’un quartier huppé de Belgrade. Deux portes de cet appartement sont fermées. Elles donnent sur des pièces qui ont été réquisitionnées par l’État communiste plusieurs décennies auparavant pour former un autre appartement. Le logement fractionné est à l’image d’une société serbe elle-même divisée et portée à occulter sa propre histoire pourtant riche.
N.B. #3 – Bogart raconté par Bacall (1988, David Heeley)
Par la voix de Lauren Bacall, David Heeley retrace la carrière d’acteur au cinéma puis d’acteur-producteur d’Humphrey Bogart. Son enfance et sa carrière au théâtre sont ainsi rapidement « traitées ».
America – « The american dream is dead »
Dans les paysages mythiques de l’Arizona et à l’approche de l’élection du 45ème président des États-Unis, Claus Drexel capte les états d’âme de citoyens ordinaires. Dans America, le documentariste tire un portrait sans condescendance de l’Amérique rurale. Une Amérique profonde toujours patriotique mais dont le déclin est désormais consommé et l’âme définitivement perdue. Cette Amérique ne rêve plus face à la réalité d’un quotidien marginalisé devenu bien commun.