Men – Un mal, des mâles, histoire de genres

Ex-scénariste à succès pour Danny Boyle notamment (La plage, 28 jours plus tard et Sunshine), Alex Garland passé à la réalisation en 2014 avec Ex Machina (Futur film culte) livre Men son troisième long-métrage. Garland signe avec ce film son retour sur les grands écrans des cinémas après Annihilation (2018, Le miroitement : faits, science, fiction) dont les droits de diffusion avaient été rachetés par Netflix. Men marque aussi pour le scénariste-réalisateur anglais une plongée plus prononcée dans un genre cinématographie à la peine : les drames horrifiques.

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L’incinérateur de cadavres – Au-delà

Nul doute, en tournant L’incinérateur de cadavres (1968), Juraj Herz a réalisé un des films les plus audacieux et marquants de la Nouvelle Vague du cinéma tchécoslovaque. Produit sous une dictature (tournage interrompu par l’arrivée des chars en Tchécoslovaquie, montage technique réalisé en secret), le film longtemps censuré relate l’insidieuse folie de son protagoniste principal peu à peu happé par l’idéologie nazi. Pour aborder ce sujet rude à travers la trajectoire de cet homme, Herz fait démonstration d’une grande inventivité et aisance dans la mise en scène adoptée.

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La charrette fantôme – Survivances en surimpression

Comment représenter les morts parmi les vivants au cinéma ? Dans La charrette fantôme tourné durant l’été 1920, Victor Sjöström a l’ingénieuse idée de procéder par des surimpressions. Cet effet spécial expérimental, audacieux et novateur pour l’époque, sied ici parfaitement à la figuration de présences spectrales. Dans ce film considéré à juste titre comme un des sommets de son œuvre, le cinéaste suédois redonne vie aux morts.

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The dead don’t die – Genre désaxé

Depuis longtemps, la qualité première d’un film d’ouverture du festival de Cannes réside dans son casting. Sur ce plan, The dead don’t die a satisfait au cahier des charges en livrant une « belle » montée des marches. De la large distribution taillée pour satisfaire toutes les générations de spectateurs, Tilda Swinton, Bill Murray, Adam Driver et Chloë Sevigny notamment ont sacrifié au rituel du tapis rouge. Par contre, sur le plan cinématographique, valeur-première (?) de la grand-messe du 7ème art, nous pouvons constater que le contrat n’est pas rempli. Jim Jarmusch livre un film certes divertissant mais peu marquant et peu surprenant, donc mineur.

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High life – Ici-bas sur terre

Souvent exigeante, toujours singulière, la filmographie de Claire Denis embrasse de multiples genres. Le territoire cinématographique arpenté est aussi vaste que passionnant du film d’horreur Trouble every day (2001) à la comédie romantique Un beau soleil intérieur (2017, Les reflets du genre humain), ou du mélodrame Vendredi soir (2002) au thriller Les salauds (2013). La réalisatrice étend encore le champ des possibles avec High life, son premier film tourné en langue anglaise et son premier film de science-fiction.

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The house that Jack built – L’art du meurtre

The house that Jack built est une pierre de plus dans l’édifice cinématographique audacieux, transgressif et dérangeant que construit Lars von Trier. A nouveau, le cinéaste livre un film inconfortable par la cruauté de certaines de ses images et dont l’interdiction aux moins de seize ans paraît justifiée. Comme ses prédécesseurs, ce film sur un tueur en série est positionné là où nous ne l’attendions pas. Un placement cinématographique multiple puisque changeant au fil des cinq segments qui composent The house that Jack built.

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No dormirás – Sens en éveil

Comme dans The silent house (2010), Gustavo Hernández inspire le récit fictionnel de No dormirás de faits réels. Une première filiation qui en appelle d’autres puisque ces deux films, outre d’appartenir au même genre cinématographique (film d’horreur), voient leur déroulement ancré dans le passé. Mais il faut souligner que No dormirás emprunte plus généreusement que son aîné aux codes du thriller. Ainsi, cette caractéristique anime le dernier opus du cinéaste uruguayen d’une plus grande ambition visible en salle dès ce 16 mai.

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La région sauvage – L’amour tant acculé

En sortie DVD, Blu-ray et VOD ce 3 mai, La région sauvage est un film d’auteur étrange, déroutant et potentiellement dérangeant. Lauréat du Lion d’argent du meilleur réalisateur (Mostra de Venise 2016), Amat Escalante poursuit son cinéma réaliste et radical qu’il habille ici d’éléments fantastiques inattendus. La chronique érotico-fantasmagorique livrée se dévoile peu à peu au cours d’un récit naturaliste qui traite sans tabou de sujets de société forts. Par cette mécanique narrative singulière, La région sauvage ne cesse de surprendre pour mieux provoquer.

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Les bonnes manières – Sans malfaçon

Les bonnes manières a été présenté dans de nombreux festivals. De cette large campagne festivalière, Juliana Rojas et Marco Dutra ont accumulé de nombreuses récompenses. Ainsi, au Prix spécial du jury du festival de Locarno en 2017 sont venus notamment s’ajouter les Prix du jury et de la critique du festival Gérardmer 2018. Ce palmarès souligne la qualité d’un exercice de style qui débouche sur un film hybride inclassable. Dans une veine fantastique, Rojas et Dutra livrent une sorte de fable… d’épouvante aux portées sociales et politiques.

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