Vivants – Reporters intra-muros

Le postulat de départ d’Alix Delaporte, réalisatrice et coscénariste du film, était de faire découvrir le monde des grands reporters à son auditoire. L’intention est louable mais les choix narratifs faits restent discutables. Au final, Vivants ne se démarque pas suffisamment pour convaincre vraiment. Le titre même du film pose question car il ne rend pas compte du contenu du métrage.

Gabrielle, 30 ans, intègre une prestigieuse émission de reportages. Elle doit très vite trouver sa place au sein d’une équipe de grands reporters. Malgré l’engagement de Vincent, leur rédacteur en chef, ils sont confrontés au quotidien d’un métier qui change, avec des moyens toujours plus réduits, face aux nouveaux canaux de l’information. Habités par leur passion pour la recherche de la vérité, leur sens de l’humour et de la solidarité, ils vont tout tenter pour retrouver la foi de leurs débuts et se réinventer.

Alix Delaporte a réalisé un film là où le sujet abordé aurait probablement trouvé un meilleur réceptacle sous la forme d’un documentaire. Le souhait de porter Vivants auprès d’un public élargi a sans doute grandement influencé ce choix. Si ce film donne effectivement à voir une équipe de grands reporters, les faits d’arme individuels de ces personnages appartiennent au passé et sont aujourd’hui relégués au rang de quelques évocations floues. L’équipe rédactionnelle mise dans le champ de la caméra est éloignée du front (médiatique) puisque désormais chacun de ses membres œuvre au quotidien pour fournir un contenu à une émission de télévision. Cette dernière est d’ailleurs reconnue vieillissante. A l’image de ses concepteurs, elle est à la recherche d’un second souffle.

Vivants montre donc avant tout des professionnels de l’audiovisuel dans leur bureau de rédaction en quête d’une information qui viendrait justifier une « intervention » sur le terrain. Dans les faits, les reportages ambitionnés ou produits ont une portée limitée et n’appellent pas à fournir un supplément d’âme au métrage visionné. Ainsi, le reportage-terrain sur lequel la réalisatrice clôt son film ne fera pas sortir l’équipe de reporters de Paris. L’évènement filmé (au milieu d’une foule armée de téléphones portables…) est certes original mais, aussi et surtout, parfaitement anecdotique.

Un autre choix étrange est celui du personnage principal. Le récit de Vivants est fait à travers le regard de Gabrielle, une stagiaire dont l’arrivée dans l’équipe de reporters constitue l’entame du film. Sans remettre en cause l’interprétation d’Alice Isaaz au demeurant satisfaisante, le rôle principal aurait dû échoir au reporter le plus expérimenté de l’équipe à savoir au personnage incarné par Roschdy Zem. Mieux encore, ce dernier aurait été encore plus convaincant en tant que directeur de programmation sous condition cependant que ce rôle, attribué à Grégoire Leprince-Ringuet, ait été plus écrit et plus profond.

Au final, Vivants est un film mal né car il paraît toujours en décalage par rapport à l’ambition portée initialement. L’ambition narrative de Delaporte ne fait aucun doute tout comme il ne fait aucun doute que l’objectif visé en la matière n’est absolument pas atteint. La forme, l’angle narratif, la distribution des rôles, l’insuffisance d’écriture de certains personnages sont autant d’obstacles qui font barrages à une bonne appréciation de ce film. Ainsi, en parfait écho à sa séquence finale, il ne reste de Vivants que sa part anecdotique, vaguement divertissante.

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