Vivants – Reporters intra-muros

Le postulat de départ d’Alix Delaporte, réalisatrice et coscénariste du film, était de faire découvrir le monde des grands reporters à son auditoire. L’intention est louable mais les choix narratifs faits restent discutables. Au final, Vivants ne se démarque pas suffisamment pour convaincre vraiment. Le titre même du film pose question car il ne rend pas compte du contenu du métrage.

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Bye bye Tibériade – Eloignement consommé

Lina Soualem retrace dans Bye bye Tibériade l’histoire de sa famille maternelle à travers le regard et les souvenirs de sa mère Hiam Abbass. Une famille palestinienne installée à Tibériade et contrainte de quitter cette ville devenue israélienne en 1948 lors de la création de l’Etat d’Israël. Un déracinement que les arrière-grands-parents et la grand-mère de la documentariste ont dû subir.

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Green border – Périmètre intentionnel indéfini

Agnieszka Holland propose dans Green border un long périple d’une durée quasi déraisonnable de 2h30. Ce film au long cours s’évertue à suivre l’exile d’une famille syrienne qui cherche à rejoindre la Suède. On distingue dans ce long-métrage deux parties distinctes encadrées par un prologue et un épilogue. L’ensemble, inégal, ne parvient pas à constituer un tout. Le contenu animé de bonnes et louables intentions prête le flanc à une lecture critique. Au final, le film interroge plus qu’il n’apporte de réponses. Au-delà de l’exposé proposé, on peut légitimement se questionner sur les réelles intentions de la réalisatrice.

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La zone d’intérêt – Hors-c(h)amp

La zone d’intérêt titre invoque le camp de concentration d’Auschwitz. Ainsi nommément cité, ce lieu de triste mémoire n’est pas l’endroit vers lequel Jonathan Glazer oriente sa caméra. En effet, le camp voisine la maison de la famille Höss, lui (Christian Friedel) est le commandant du camp, elle (Sandra Hüller) est sa fidèle épouse dont le métier est celui d’élever leurs enfants dans les meilleures conditions possibles dans ce lieu « paradisiaque ». Le cinéaste anglais adopte une mise en scène diamétralement opposée à celle choisie par son homologue hongrois, László Nemes, pour réaliser Le fils de Saul (2015, Nouveau paradigme sur la Shoah). Chacun à leur manière imprime durablement l’esprit.

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Lune froide – Profanation d’une sirène

Avant tout connu pour sa carrière d’acteur, Patrick Bouchitey réalisa en 1988 un premier et unique court-métrage titré Lune froide. Cette première réalisation était une adaptation à l’écran d’une nouvelle de Charles Bukowski intitulée La sirène baiseuse de Venice, Californie.  Ce premier essai fut bien reçu par la critique et se vit honoré du grand prix du festival du court-métrage de Clermont-Ferrand en 1989 puis du César du court-métrage de fiction en 1990. En 1991, le néo-réalisateur tourne un préambule à ce court-métrage en s’appuyant sur une autre nouvelle de BukowskiPanne de batterie. Ainsi, l’épilogue de Lune froide version long-métrage n’est autre que le court-métrage de 1988 retenu dans son intégralité. Aujourd’hui, la ressortie en salle et en version restaurée du long-métrage Lune froide nous offre l’occasion de revenir sur cette œuvre inclassable du cinéma français qui, plus de trente ans après sa réalisation, garde toute sa singularité.

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Donne-moi tes yeux – Regarder sans nommer

Réalisé en 1943, le long-métrage Donne-moi tes yeux sort en salle en novembre de la même année. Dans une France sous Occupation allemande, son auteur, Sacha Guitry, n’a pas bonne presse. L’homme de théâtre a toujours porté un regard à la fois distancié et neutre sur les « évènements » de l’époque. Cette attitude est qualifiée par beaucoup de, à minima, complaisante. Pour notre part, nous reprenons à notre compte ce terme de « évènement » car il est utilisé dans Donne-moi tes yeux pour ne pas nommer explicitement la situation d’alors.

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Ils étaient neuf célibataires – Inversion migratoire

Sacha Guitry a réalisé pas moins d’une trentaine de longs-métrages en l’espace de près d’un quart de siècle (1935-1957). Plus étonnant encore, cet illustre et prolifique homme de théâtre, a su aussi être prolifique envers le 7ème art puisqu’il écrivit et réalisa onze de ses longs-métrages entre 1935 et 1939. Ils étaient neuf célibataires sort en salle fin octobre 1939 dans une France entrée en guerre au début du mois précédent. L’irruption du second conflit mondial stoppe pour trois ans la carrière de réalisateur-acteur de Guitry et clôt un premier chapitre dans sa filmographie.

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La poison – Simon et cynisme

Sacha Guitry a réalisé pas moins d’une trentaine de longs-métrages en l’espace de près d’un quart de siècle (1935-1957). Un tiers de cette filmographie ressort en version restaurée dans les salles par l’entremise du distributeur Les Acacias qui vient ainsi rendre hommage au génie Guitry. Parmi les films mis à l’honneur dans cette rétrospective figure La poison réalisé en 1951 par l’illustre homme de théâtre. La seule lecture du synopsis met l’eau à la bouche. L’œuvre est vénéneuse à souhait et, sans ambages, constitue à nos yeux un modèle de cynisme noir.

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Les feuilles mortes – Sinistrose réjouissante

Aki Kaurismäki a réalisé une vingtaine de longs-métrages pour le cinéma en l’espace d’une quarantaine d’années. Si au siècle dernier, ses réalisations nous parvenaient en flux régulier et assez soutenu, force est de constater que ses nouveaux opus se raréfient. Dès lors, la sortie en salle d’un nouveau film du cinéaste finlandais s’apparente désormais à un évènement. Celle de Les feuilles mortes est à promouvoir d’autant que ce film a été le lauréat du prix du jury lors du festival de Cannes 2023. En cela, il donne une suite à L’Homme sans passé récipiendaire du grand prix du jury de l’édition 2002 du même festival. Aujourd’hui, l’art cinématographique de Kaurismäki touche à la perfection. Les feuilles mortes vaut pour modèle (de simplicité) d’écriture tant sur le plan du schéma narratif que de la mise en scène. Les messages portés passent subtilement par les détails pour ceux qui y prêteront attention. L’œuvre est tout à la fois simple, délicate et sensible.

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